Mille faux amis en langue française

Introduction


Marc Van Campenhoudt

ISTI : Centre de recherche TERMISTI & Section de langue française


Consultation

Table des matières

Préambule

1 Introduction

1.1 D'un concept
1.2 Un instrument de consultation

2 Quelques rappels théoriques

2.1 Homographie
2.2 Homophonie
2.3 Homonymie
2.4 Parasynonymie ou proximité sémantique
2.5 Paronymie
2.6 Expressions proches

3 Présentation retenue

3.1 Double classement alphabétique
3.2 Regroupements
3.3 Marques grammaticales
3.4 Marques de fréquence

Notes

Bibliographie


Préambule

Divers ouvrages à vocation didactique présentent des listes de faux amis accompagnées de définitions. Nous en conseillons chaleureusement la lecture aux personnes qui s'interrogent sur la différence entre plusieurs mots proches, ce site n'étant en aucun cas destiné à répondre à leurs attentes.

La présente liste a pour seul objectif d'établir un inventaire de cas. Si des enseignants pourront s'en servir pour construire un cours qui réponde à leurs besoins particuliers, il importe de préciser que cette liste a été conçue en priorité pour nos étudiants francophones en traduction et interprétation, appelés à manier la langue française avec rigueur.

La consigne qui leur est donnée est de repérer les expressions fréquentes qui leur posent des problèmes et d'en rechercher les définitions dans un dictionnaire de langue, tel le Nouveau Petit Robert. S'agissant de veiller à la qualité de la langue d'un texte, ils se rappelleront qu'il vaut mieux pratiquer un doute systématique de bon aloi et qu'il n'y a pas de honte à ouvrir son dictionnaire pour se remémorer une distinction délicate à manier.

Comment utiliser la liste après l'avoir imprimée ?


1 Introduction

1.1 D'un concept

L'appellation faux ami n'est guère attestée dans les grands dictionnaires du français contemporain, à l'exception du Trésor de la langue française et du Nouveau Petit Robert (1993). Ce terme propre à la linguistique appliquée à l'enseignement des langues est particulièrement utilisé dans l'apprentissage de l'anglais aux francophones ou du français aux anglophones.

"Employé pour la première fois par Koessler et Derocquigny (Les faux amis ou les trahisons du vocabulaire anglais, Vuibert 1928), désigne les mots d'étymologie et de forme semblable mais de sens partiellement ou totalement différents. Ex. : angl. actual = fr. réel, fr. actuel = angl. present" (MOUNIN et al. 1974 : 139).

Contrairement à une idée couramment admise, c'est donc la désignation anglaise false friend qui est un calque du français. Les linguistes anglophones recourent d'ailleurs parfois à l'emprunt pur et simple de la forme faux ami, les plus puristes préférant le terme false cognate(1).

"False cognate [...] also faux amis, false friend
a word which has the same or very similar form in two languages, but which has a different meaning in each. The similarity may cause a second language learner to use the word wrongly. For exemple the French word
expérience means 'experiment', and not 'exprerience'. French learners of english might thus write or say : Yesterday we performed an interesting experience in the laboratory." (PLATT, RICHARDS et WEBER 1985 : 103.)

Dans la mesure où l'usage en langue française ne paraît pas encore fixé, on peut choisir, à l'instar de COLIGNON et BERTHIER (1985), d'utiliser le syntagme faux amis dans un contexte monolingue. Cette désignation semble, en effet, particulièrement adéquate pour désigner les unités lexicales dont la forme ou le sens sont susceptibles d'introduire la confusion dans l'esprit du locuteur (2).

1.2 Un instrument de consultation

Loin d'être exhaustif, ce répertoire a été conçu pour servir d'instrument de consultation dans le cadre du cours de Techniques d'expression écrite II de l'Institut supérieur de traducteurs et interprètes (Bruxelles). Elaboré au départ des différentes listes de confusions disponibles, il a été nettement enrichi au fil des années sur la base des erreurs attestées dans la presse ou rencontrées dans les travaux des étudiants.

En aucun cas, il ne saurait être question d'étudier systématiquement le contenu de la table des confusions. Si la distinction des mots qui ont une haute fréquence dans l'usage (satire-satyre, détoner-détonner, anoblir-ennoblir...) gagnerait assurément à être maîtrisée activement, l'essentiel demeure de se souvenir des confusions possibles et d'ouvrir son dictionnaire en cas de doute.

Certains cas de faux amis ne sont que rarement attestés dans l'usage (aubier-obier, cuisseau-cuissot, hiéronymite-hiérosolymite...) : on ne les rencontre guère que dans les étranges dictées de Bernard Pivot... On conseillera donc aux allophones de s'inquiéter de la fréquence des mots avant d'étudier cette liste.


2 Quelques rappels théoriques

En règle générale, les faux amis rassemblés dans ce document relèvent de l'homographie, l'homophonie, l'homonymie, la parasynonymie ou la paronymie. Il est bon de relire une brève définition de ces différents phénomènes linguistiques avant de se lancer dans la consultation.

2.1 Homographie

Des signes sont déclarés homographes lorsque leurs signifiants respectifs présentent une graphie rigoureusement identique, sans pour autant se prononcer de la même manière.

affluent affluer (v.) affluent (s.)
boxer boxer (v.) boxer (s.)
fils fils (s.) fil (s.)

2.2 Homophonie

Des signes sont déclarés homophones lorsque leurs signifiants phoniques respectifs sont identiques, mais ne s'écrivent pas pour autant de la même manière.

[bazilik] basilic basilique    
[filtR] filtre philtre    
[so] saut sceau seau sot

2.3 Homonymie

Des signes sont déclarés homonymes lorsqu'ils sont tout à la fois homographes et homophones et possèdent des étymologies différentes. Cette définition particulièrement restrictive est celle appliquée par les auteurs des Grand et Petit Robert et par de nombreux lexicologues(3). Elle a l'avantage d'utiliser un critère (l'étymologie) beaucoup moins arbitraire que celui du changement de sens (combien d'homonymes faut-il prévoir pour des mots polysémiques comme aire, entrée, pomme, rapport, etc.?).

Homonyme Etymon Acception
boucan boucan 'viande fumée'
boucan baccano 'fruit'
cabot caput 'chien'
cabot caporal 'caporal'
cabot cabotin 'cabotin'
dériver derivare 'détourner'
dériver to drive 's'écarter de la route'
dériver dé + river 'retirer le rivet'
épier °spehon 'observer'
épier épi 'monter en épi'

Ces homonymes n'ont été mentionnés que dans les cas où ils s'accompagnaient d'un changement de genre ou de catégorie syntaxique (mousse, plan, etc.). On les a également fait figurer lorsqu'ils pouvaient être confondus avec d'autres faux amis (p. ex. mangouste, mangouste et langouste).

2.4 Parasynonymie ou proximité sémantique

Quand bien même ils relèvent d'un même champ sémantique et peuvent, à ce titre, faire l'objet d'un renvoi analogique dans le Robert, certains mots ne doivent pas être confondus.

2.5 Paronymie

Les paronymes sont des mots dont les signifiants (phoniques et/ou graphiques) respectifs sont relativement proches alors que leurs signifiés sont distincts.

Dans certains cas, la ressemblance formelle peut s'accompagner d'une certaine proximité sémantique.

Cette proximité est parfois tellement grande dans des couples infernaux comme volatil-volatile ou prémices-prémisse que même les meilleurs auteurs se laissent prendre au piège.

2.6 Expressions proches

Certaines expressions figées présentent, elles aussi, une proximité de forme, voire de sens. Les dernières modifications apportées à la liste visent à mieux prendre en compte ces cas sur lesquels trébuchent de nombreux locuteurs.


3 Présentation retenue

3.1 Double classement alphabétique

Le répertoire est ordonné selon un double classement alphabétique. En effet, les mots à ne pas confondre sont réunis horizontalement dans un ordre alphabétique (chair - chaire - cher - chère), ces regroupements étant à leur tour classés verticalement selon l'ordre alphabétique du premier mot. Pour retrouver un mot avec certitude, il est conseillé de consulter d'abord l'index des faux amis, lequel permet d'accéder immédiatement à l'endroit adéquat dans la table des confusions.

Exemple de classement

3.2 Regroupements

Pour éviter de répéter plusieurs fois un même mot, on a regroupé les couples de faux amis lorsqu'ils possédaient un mot en commun. Pour faciliter la compréhension de ces cas, on a parfois choisi de ne pas respecter l'ordre alphabétique horizontal.
pastiche - postiche - potiche
  • pastiche - postiche
  • postiche - potiche
régulier - séculier - séculaire
  • régulier - séculier
  • séculaire - séculier
hautain - hauturier - roturier
  • hautain - hauturier
  • hauturier - roturier

Dans les cas où l'homographie est due à la flexion des mots, on s'est contenté de ne faire figurer qu'une seule fois la forme homographe dans la vedette, quand bien même les formes canoniques permettent d'opérer ensuite la distinction.
gueuse - gueuze
  • gueuse
  • gueux
  • gueuze

Il en va de même quand deux homonymes (étymologies différentes) ne se distinguent pas par la catégorie syntaxique ou le genre.
langouste - mangouste
  • langouste
  • mangouste (animal)
  • mangouste (fruit)

3.3 Marques grammaticales

Les marques de catégorie syntaxique ou de genre n'ont été mises en vedette que lorsqu'il semblait nécessaire de préciser la confusion envisagée (homographie, homonymie, mot rare).

3.4 Marques de fréquence

Les entrées suivies d'un astérisque indiquent des mots dont l'emploi semble particulièrement rare. La consultation des dictionnaires confirme le plus souvent ce sentiment du locuteur, qu'il s'agisse d'usages désuets (affété, chemineau...), didactiques (anomal, anthropique...), littéraires (libelle, rhétoriqueur...) ou désignant une réalité spécialisée (affusion, hypogée...).


Notes

(1) Le Robert et Collins (1990 : 296a) prévoit également la désignation deceptive cognate.

(2) On pourrait, certes, retenir la désignation mot-piège, mais celle-ci paraît trop imprécise et susceptible d'inclure d'autres erreurs de lexique, tels les barbarismes, les pléonasmes, etc.

(3) En linguistique computationnelle, on s'intéressera plus particulièrement à des formes fléchies en discours. Ainsi, les programmes de traduction automatique devront résoudre tous les problèmes d'homographie, qu'il s'agisse de véritables homonymies ou non (confluent, lions, voile...). Les programmes de reconnaissance de la parole devront, eux, résoudre tous les problèmes d'homophonie à l'intérieur du discours, qu'il s'agisse encore une fois de véritables homonymies ou non ([buda], [vwal], [nuleljõ]...).


Bibliographie

COLIGNON (J.-P.) et BERTHIER (P.-V.), 1979 : Pièges du langage (2). Homonymes, paronymes, "faux amis", singularités et cie, Paris - Gembloux, Duculot (Votre boîte à outils de la langue française).

COLIGNON (J.-P.) et BERTHIER (P.-V.), 1985 : Lexique des "faux-amis", Paris, Hatier (Profil formation - français, n° 395).

DAGNAUD-MACE (P.) et SYLNES (G.), 1978 : Le français sans faute, Paris, Hatier (Profil formation - français, nos 311/312).

LEBRUN (Cl.), 1987 : 1000 mots pour réussir au baccalauréat, aux examens et aux concours, Nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Belin.

MOUNIN (G.) et alii, 1974 : Dictionnnaire de la linguistique, Paris, P.U.F.

PLATT (R.), RICHARDS (J.) et WEBER (H.), 1985 : Longman Dictionary of Applied Linguistics, Harlow, Longman.

ROBERT & COLLINS, 1990 : Robert - Collins. Dictionnaire français-anglais, anglais-français, Paris, Le Robert ; Glasgow, Collins.


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dernière mise à jour : 6 octobe 2003