3 LES LIENS NOTIONNELS

L'un des principaux mérites d'Eugen Wüster est assurément d'avoir montré l'importance d'une prise en compte des liens de sens qui unissent les notions entre elles. Ces liens, ci-après dénommés liens notionnels ou relations notionnelles, sont de nature à nous éclairer sur la notion :

"Un domaine (ou une sous-section de domaine) n'est accessible mentalement que si le champ notionnel est structuré, c'est-à-dire s'il constitue ce que l'on appelle un système de notions. Dans cet ensemble, chaque notion révèle ses rapports avec les autres notions." (Felber 1987 : 101.)
L'une des principales caractéristiques de nombreuses terminographies conçues dans une perspective notionnelle est de suivre un ordre systématique. L'idéal poursuivi voudrait que l'ordonnancement macrostructurel des notions soit conçu en fonction des liens qui les unissent et les distinguent au sein d'un ensemble cohérent dénommé sous-domaine. Une telle disposition, nettement défendue par Wüster (1981 : 70-71), a pour avantage "de prévenir les contradictions au moment de définir la notion et que l'on constate couramment dans les dictionnaires de définitions alphabétiques. Le fait que les oppositions entre les notions se reflètent dans l'arrangement spatial des termes constitue une aide appréciable pour la compréhension des définitions qui deviennent quelquefois même superflues."

La classification des variétés de liens notionnels a fait l'objet d'une analyse attentive et sans cesse remise sur le métier de la part de Wüster. La synthèse présentée par Felber (1987 : 101-108) résume les grandes distinctions opérées dans ce cadre.


3.1 Liens logiques et ontologiques

L'Ecole de Vienne reprend la distinction établie par Wüster entre les relations logique et ontologique. La première est une relation générique et abstraite tandis que la seconde est ontologique, partitive et concrète. L'une est fondée sur la ressemblance, l'autre sur la "vicinité" (Wüster 1976 : 54-55).

"Les rapports logiques entre les notions sont des rapports de ressemblance. On les appelle aussi rapports génériques ou rapports d'abstraction." (Felber 1987 : 102.)
"Les rapports ontologiques sont caractérisés par la contiguïté (juxtaposition) dans l'espace ou dans le temps, ou par la relation cause-effet. Le type le plus important de rapports ontologiques est la relation partitive, c'est-à-dire la relation entre un tout et ses parties." (Felber 1987 : 105.)
Outre ces liens logiques et ontologiques, Felber (1987 : 101) propose de considérer également les rapports d'effet, parmi lesquels Wüster aurait notamment regroupé la cause, la filiation, etc.