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Thierry Grass (Université de Strasbourg), La traduction des noms propres
Parmi les approches linguistiques du nom propre, quatre semblent se détacher :
Le nom propre comme description du référent (G. Frege, J. Searle, F. Kiefer, M. Gross).
Le nom propre vide de sens qui, en tant que désignateur rigide, renvoie à son référent grâce à un lien causal (S. Kripke).
Le nom propre comme prédicat de dénomination « être appelé NPR » (G. Kleiber).
L’hypothèse de la sémantique interprétative avec sèmes inhérents et afférents (F. Rastier).
Quelle que soit la théorie retenue, la question de la répercussion sur la traductibilité ne se pose pas, simple adaptation ou véritable traduction, le passage d’un nom propre d’une langue à une autre implique des modifications graphiques et phoniques. Dans une optique de traduction, nous ne nous occuperons bien sûr que des premières.
La première étape vers la traduction du nom propre consiste en une classification. Pendant longtemps, n’étaient considérés comme noms propres que les noms de personnes (anthroponymes) et les noms de lieux (toponymes), s’y sont ajoutées des sous-classifications, souvent en -nymes (oronymes et hydronymes p.ex. pour les noms de montagnes et de cours d’eau) ainsi qu’un changement complet de paradigme en retenant les ergonymes (objets créés par l’être humain comme les produits finis, les œuvres d’art) et les pragmonymes (noms propres d’événements comme les guerres ou les phénomènes naturels comme El Niño). Les noms d’institutions, fort nombreux, sont assimilés à des humains collectifs et rentrent donc dans le champ des anthroponymes. Toute classification a bien entendu ses limites, le mérite est toutefois d’apporter un peu de clarté dans une vision se voulant ontologique.
Lorsque l’on parvient peu ou prou à glisser le nom propre dans une catégorie, c'est-à-dire à le conceptualiser, le problème de la traduction n’est toujours pas résolu : le passage d’une langue à une autre oblige de tenir compte des spécificités de la langue cible. Certains noms propres sont en outre plus adaptables que d’autres : pour le simple passage en anglais du nom propre d’institution officiel « Université Paris 7 Denis-Diderot », J. Humbley a trouvé au moins 7 possibilités. Dans un monde dominé par la standardisation et les normes ISO, cette grande variation constitue un problème, en particulier dans le domaine juridique où l’on hésite entre emprunt ou calque : doit-on parler de code civil allemand ou de BGB, de Bundestag ou de diète fédérale ?
Un autre lieu commun veut que le nom propre soit invariable, ce qui est généralement le cas en français et en anglais, mais dans certaines langues comme l’allemand, le polonais ou le serbe, les noms propres portent des marques flexionnelles, ce qui se potentialise avec une pluralité de traductions possibles comme évoqué plus haut et constitue un enjeu pour les systèmes de traduction automatique : en polonais, langue dotée de flexions casuelles, Sartre au nominatif devient Sartre’a au génitif et Sartre’owi au datif.
Alors, traduire, ne pas traduire, laisser tel quel, transcrire, translittérer, calquer, adapter, le choix dépend des usages de la langue cible, mais la décision n’est pas neutre : les anciens empires conservent des noms de villes conquises dans leurs propres langues, alors que ces noms ont évolué dans la langue source ; Beijing a toujours du mal à s’imposer par rapport à Pékin ou Gdansk en Allemagne par rapport à Danzig, et ce, malgré les recommandations officielles.
Thierry Grass est professeur à l'Université de Strasbourg où il enseigne la traduction professionnelle (de l'allemand vers le français) et la terminologie aux départements de Langues étrangères appliquées et de Linguistique informatique ainsi qu'à l'Institut de traducteurs, d'interprètes et de relations internationales (ITIRI). Il est responsable de la spécialité de master « traduction et interprétation » ainsi que du parcours « linguistique, informatique, traduction » auprès de l'UFR de langues et sciences humaines appliquées. Ses activités de recherche s’insèrent dans le cadre de la traduction et du Traitement automatique des langues (TAL), elles ont pour objet le développement de dictionnaires électroniques bilingues (terminologie juridique et noms propres) pouvant être utilisés dans le cadre de l’aide à la traduction ou de la traduction automatique. Il a collaboré au développement de la base de données lexicale de noms propres Prolexbase et se consacre désormais à l'étude des outils de traduction au sein de l'équipe strasbourgeoise Fonctionnement discursif et traduction (EA 1339, LiLPa).
Ralf Steinberger (European Commission's Joint Research Centre, Ispra), JRC-Names - A freely available multilingual name variant spelling dictionary
JRC-Names is a software resource consisting of several hundred thousand names and their national and international spelling variants (including across scripts) and of software that can recognise any of these variants in text. JRC-Names was produced as part of the automatic multilingual news analysis carried out by the Europe Media Monitor (EMM; http://emm.newsbrief.eu/overview.html) and it is updated daily with the newest names. JRC-Names can be used for a variety of purposes, which include improving name search in databases or on the internet, developing text mining software, improving machine translation results, and more. The speaker will explain why so many spelling variants exist, describe how JRC-Names was created, give statistics on its size, address the issue of morphological inflection, provide details regarding the functionality of the software, and he will present current work to extend the name lists with large numbers of organisations and acronyms. The speaker will also briefly raise the question of the role of names in dictionaries. Some examples of the about 200 spelling variants for the name of the Iranian leader Mahmoud Ahmadinejad - all found in real-life text - are Machmud Ahmadinedschad, Mahmud Ahmedinecad, Mohammad Ahmadinejad; Mahmoud Ahmadi Nejad; Mahmut Ahmedinejad; محمود احمدی نژاد and Махмуд Ахмадинеджад.
Ralf Steinberger is a computational linguist working as a lead scientist in the Opensource Text Information Mining and Analysis group at the European Commission's Joint Research Centre (JRC) in Ispra, Italy. He studied Theoretical Linguistics in Berlin and Munich and he was awarded a Ph.D. in the field of Machine Translation in Manchester (UK). He worked in industry, academia and governmental organisations in Germany, England, Japan, Ethiopia and Italy. Ralf's specialisation lies in multilinguality and in methods to give cross-lingual informatoin access.
Dieter Rummel (Translation Centre for the Bodies of the European Union, Luxembourg), Really boring terms: The usefulness of unspectacular terminology
The Translation Centre for the Bodies of the European Union is the language service provider for a vast variety of EU Agencies that cover subjects matter as diverse as Community trademarks, food safety, gender equality or nanotechnology. The Centre is also an active partner in the interinstitutional cooperation that exists between the language services of the European Union. It most significant contribution in this field is most likely the interinstitutional terminology database IATE, a project that was launched by the Centre in 1999.
Starting from the – slightly provocative – notion of the “boring term” the presentation explores the practical constraints of terminology work in a small organisation like the Centre. It argues that while everyone agrees on the crucial importance of terminology for the efficiency and the quality of translation, a certain type of terminology is often perceived as a nuisance by translators. The presentation will highlight several examples - the translation of Community trademarks, the ECHA-term database and IATE – to show how this nuisance can be handled in day-to-day work and how the management of “boring term” impacts the role and organisation of terminology databases.
Dieter Rummel Dieter Rummel is the Head of the Translation Support Department at the Translation Centre for the Bodies of the European Union in Luxembourg. The Department manages the Centre’s translation workflow and provides technical, linguistic and organizational services to the Centre’s translators. Dieter started his career in the development team for the European Commission's Euramis (European multilingual information system) project in 1995. He joined the Translation Centre in 2000. There his main tasks initially included the coordination of a workflow and translation system for Community trademarks (NEMO) and, from 2001 the management of the interinstitutional IATE (“Inter-Active Terminology for Europe”) project for the creation of a single, interinstitutional terminology database. Dieter chairs the interinstitutional IATE Management Group that brings together terminologists from the EU Language services and organizes the joined work in the IATE database.
Gérard Petit (Université de Paris Ouest), Hybridation et traduction : deux inconciliables ? Le cas du nom de marque déposée
Les noms de marques déposées sont caractérisés par une forte hybridation sémiotique qui les apparente à la fois aux noms propres, aux termes, aux lexèmes, mais aussi à certains pronoms. Cette configuration rend leur traduction problématique, et ce à plusieurs titres : (i) elle ne peut valablement s'exercer que si les données présentent un minimum de stabilisation. Le problème n'est pas spécifique aux noms de marques, mais l'instabilité est intrinsèquement constitutive de leur régime, contrairement aux noms propres, aux termes et aux lexèmes ; (ii) l'objectif de la traduction doit être spécifié : permettre l'appropriation en L2 d'une situation référentielle, transposer un contexte fait de valeurs culturelles, ou bien les deux ; (iii) la question se complexifie si l'on prend en compte le fait que les noms de marques, de par leur régime juridique (être la propriété d'un déposant) ne laissent a priori aucun champ à la liberté du traducteur. Le nom de marque est-il pour autant totalement rétif à la traduction ? Non, du moins tant que l'on n’assimile pas celle-ci à une simple transposition ou adaptation de signifiants. Toutefois deux cas de figure se détachent : celui où c'est le déposant lui-même qui maîtrise le processus de traduction et impose ses propres schémas, et celui où le champ reste libre au traducteur. Mais cette dernière configuration ne peut s'envisager que dans des cadres contraints et limités, circonscrivant l'espace d'une « liberté surveillée ».
Gérard Petit est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense. Ses domaines de recherche sont la lexicologie, la terminologie et la lexicographie. Plus précisément, ses travaux portent sur la sémiotique du signe, notamment au travers de la propriété de la dénomination. Il est l'auteur d'un ouvrage sur cette problématique (La dénomination, Approches lexicologique et terminologique, Peeters 2009) et d'une soixantaine d'articles la concernant directement et indirectement, dont « Le nom de marque déposée : nom propre, nom commun et terme », in Meta, vol. 51, n° 4, p. 691-705 (2006) et « Un hybride sémiotique : Le nom déposé », in Lingvisticae Investigationes, vol. 23, n° 1, p. 161-192 (2000).
Rita Temmerman (Erasmushogeschool Brussel – Vrije Universiteit Brussel), The dynamic process of understanding and term creation in the life sciences: from mRNA splicing to spliceosomes. Reflections on primary term creation in English and secondary term creation in French and Dutch
We show an example of how to study the role of term creation in the process of scientific discovery in scientific texts and in didactic video materials and slide shows on the internet.
We first trace the origin of the term splicing in its two new metaphorical usages in biotechnology: mRNA splicing. and gene splicing (Temmerman, 2008). We then zoom in on the further developments within the domain of mRNA splicing (the discovery of the spliceosome), illustrating how a natural process that was there ever since life started can remain hidden to human cognition until it can be made visible thanks to technology and until it is understood well enough to be referred to in natural language(s) by terminology creation.
Scientific curiosity motivates scientists to try and understand more and better. For terminology studies it is interesting to observe how term creation plays a role in the process of more and better understanding. A number of term creation mechanisms can be distinguished and will be discussed in our talk (e.g. spliceosome, snRNA (small nuclear RNA) molecules or “snurps”, exonic splicing enhancers (ESEs) and exonic splicing silencers (ESSs), intronic splicing enhancers (ISEs) and intronic splicing silencers (ISSs), CAP (catabolite activator protein), cAMP (cyclic adenosine monophosphate), etc.).
We will also concentrate on the impact of specific neologisms in English on communication about new developments in languages other than English. We look for asymmetries between English and French and Dutch. How is secondary term formation to be accomplished by translators and scientific text writers?
Temmerman, R. (2008). “Sociocultural situatedness of terminology in the life sciences: The history of splicing.” In: F. Roslyn & R. Dirven & J. Zlatev & T. Ziemke. Body,Language and Mind. Vol. II. Interrelations between Biology, Linguistics and Culture. Tübingen: Springer Verlag. 327-362
Rita Temmerman is professor in translation and terminology studies at the Department of Applied Linguistics of Erasmus University College Brussels and Vrije Universiteit Brussel. In 1998 she initiated the Centre for special language studies and communication (CVC). She obtained her Master in Linguistics from the University of Antwerp, her Translator’s Certificate from State University of New York, and her PhD from Leuven University where she worked under the supervision of Dirk Geeraerts on terminology creation and innovation in the life sciences. This research contributed to the sociocognitive approach in terminology management. Her main research interests pertain to: terminology theory and terminology management, cognition and semantics, translation theory, metaphor studies, dynamic systems in language, intercultural and multilingual communication.
Dardo de Vecchi (Euromed-Management, Kedge Business School), La terminologie vue du côté du besoin de l’organisation
Dans le monde des organisations et des entreprises, le langage occupe un espace fondamental. « Le travail n’est jamais hors langage », écrit le réseau Langage & Travail (Pène, Borzeix et Fraenkel 2001). En outre, le descripteur de la langue, le traducteur, le terminologue et les acteurs des entreprises ont des regards différents par rapport à ce langage qui permet de communiquer, de construire des connaissances et surtout d’agir. À partir de ses activités, l’entreprise construit du sens. Ce qui, pour elle, veut dire à la fois direction et signification : quel est le sens, l’objectif de réaliser une telle action ? et quels sont les éléments signifiants que l’on mobilise pour le faire ? Autrement dit, l’entreprise a besoin de raisons et de discours. Si les premières ont un fondement, notamment économique, les seconds sont fondamentaux, car ils véhiculent les messages institutionnels (Krieg-Planque 2012) et les savoirs des différents acteurs internes.
Parallèlement, il est traditionnel de définir la terminologie comme l’étude des termes d’un domaine de connaissance. En entreprise, les divers acteurs possèdent les connaissances qui leur permettent d’effectuer leurs tâches. Par exemple : un ingénieur en systèmes de communication dispose des concepts nécessaires à son savoir, lesquels sont exprimés grâce aux termes de son domaine, tandis qu’un marketeur disposera des siens en marketing. Lorsqu’ils travailleront ensemble dans une entreprise en particulier, ils devront acquérir aussi les manières que cette entreprise-là possède pour rendre ces connaissances opérationnelles. Autrement dit, ils acquerront la manière d’énoncer leurs domaines selon les besoins de la culture d'entreprise environnante. Cette situation rend les domaines de connaissance beaucoup moins étanches qu’on pourrait le supposer. Lorsqu’il faut travailler ensemble, le savoir sur le savoir de l’autre, ce savoir décalé (Roqueplo 1990) nécessite une approximation de la terminologie de l’autre. Les connaissances des acteurs ne sont alors pas étanches : travailler en entreprise demande d’avoir un rapprochement des connaissances, car, sans lui, le sens évoqué plus haut disparaît. Les organisations et les entreprises sont des lieux où des connaissances se côtoient et interagissent ; elles sont un lieu où des connaissances se sectorisent en domaines d'activité pour être finalement des domaines d'exploitation (de Vecchi 2005) productifs, selon le cas, économiquement.
Du côté des sciences de gestion, l’entreprise peut être considérée comme un portefeuille de connaissances dont elle tire sa valeur ajoutée (Tarondeau 1998). Si l’on considère que cette valeur ajoutée est issue des connaissances qui se côtoient et interagissent (savoir décalé), on peut légitimement poser la question suivante : quelle terminologie supporte ce portefeuille de connaissances qui participe de la culture d'entreprise et qui construit du sens ?
La langue s’est spécialisée pour dire la connaissance et la culture d’une entreprise, ce que nous avons nommé « parler d'entreprise » et dont les caractéristiques sont essentiellement terminologiques. Ce parler d'entreprise utilise des formes linguistiques, des nomenclatures, des formes hybrides – tantôt nom propre, tantôt nom commun (Petit 2000 et 2006) – et des éléments graphiques qui contribuent à la signification (mise en page, titres, couleurs, polices). Nous montrerons à travers des exemples que les connaissances mises en œuvre par l’entreprise ne peuvent se résoudre à un seul domaine, pas plus qu’elles ne peuvent se passer de cette multiplicité de formes pour construire du sens et réaliser des actions.
de Vecchi, D. (2005), « La terminologie dans la communication de l'entreprise, approche pragmaterminologique », in Cahiers du CIEL, Université Paris 7 EILA, mars 2005, p. 71-83.
Krieg-Planque, A. (2012), Analyser les discours institutionnels, Paris, Armand Colin.
Pène, S., Borzeix, A. et Fraenkel, B. (2001), Le langage dans les organisations. Une nouvelle donne, Paris, L’Harmattan, (Langage et travail).
Petit, G. (2006), « Le nom de marque déposé : nom propre, nom commun et terme », in Meta, vol. 51, n° 4, p. 691-705.
Petit, G. (2000), « Un hybride sémiotique : Le nom déposé », in Lingvisticae Investigationes, vol. 23, n° 1, p. 161-192.
Roqueplo, P. (1990), « Le savoir décalé » in Technologies et symboliques de la Communication, Grenoble, Presses de l’Université de Grenoble, p. 75-80.
Tarondeau, Jean-Claude, (1998), Le management des savoirs, Paris, Presses universitaires de France (Que sais-je ? n°3407).
Dardo de Vecchi est docteur en sciences du langage, titulaire de l’habilitation à diriger des recherches, et spécialisé en linguistique appliquée au management, discipline qu'il développe à la Kedge Business School à Marseille. Il enseigne la terminologie à l'Université Paris Diderot. Ses recherches portent sur la pragmaterminologie, une approche terminologique adaptée aux besoins des organisations. Il est aussi professeur invité à l´École centrale de Paris et préside le conseil scientifique du Groupe d'études management & langage (GEM&L).
Guadalupe Aguado de Cea (Universidad Politécnica de Madrid), DBpedia and Terminology: back to basics?
The appearance of Wikipedia represented an enormous technological leap forward for all kind of users in having reference resources at hand, despite the possible inaccuracies that collaborative works can have. Translators greatly benefitted from this multilingual, free-content encyclopedia at the touch of a key. Dbpedia was developed to turn this encyclopedic content into structured data as a project promoted by the World Wide Web Consortium, in the new Semantic Web era. The purpose of this lecture is to show how the conceptual approach underlying Dbpedia brings to the fore the traditional view to terminology and, at the same time, how Dbpedia integrates the new possibilities that web-based multilingual, multimodal resources can offer to terminologists and translators. To conclude, some of the problems as well as the advantages of this multilingual resource for translation and terminography work will be discussed.
Dr. Aguado is associate professor at the Facultad de Informática. She was the coordinator of the Doctorate program on Lenguas para fines específicos: un enfoque multidisciplinar: Análisis, metodología y nuevas tecnologías from 1999-2012, which was given by the Universidad Politécnica de Madrid. She also participates in the Master in Translation at the Universidad Complutense de Madrid, the Master in Information Technologies at the UPM and the Master in Applied Languages Universidad de Alicante. She is the President of the AEN-CTN-191, AENOR, and the representative for Spain at the ISO TC 37. She is a member of the Ontology Engineering Group at the Universidad Politécnica de Madrid where she coordinates the research carried out in Terminology and Natural Language Engineering. Her current research activities include, among others: Natural Language Processing (NLP), in which she has participated in different projects concerning terminology, ontologies and multilingualism, especially in its application to the Semantic Web.
Kira Peshkov (Université d’Aix-Marseille), L’abréviation dans le discours juridique et la traduction
Une simplification de la structure formelle du terme par des moyens différents, régis par le principe d’économie linguistique, est constatée dans le discours juridique contemporain. En particulier, l’abréviation juridique présente une certaine spécificité par rapport à la langue générale, mais aussi par rapport au discours spécialisé d’un autre domaine. Cette spécificité résulte des procédés utilisés pour la formation des termes abrégés et surtout de la manière dont les abréviations apparaissent dans le discours.
L’analyse terminologique comparée a permis de classer les abréviations juridiques en groupes sémantiques, et de mettre en évidence leurs particularités en russe et en français. La ressemblance étroite de la constitution de ces groupes dans les deux langues révèle une similitude dans les processus de création des abréviations, s’appliquant à des termes composés ayant une même signification. Cette dernière influence également leur fréquence d'emploi dans le discours, qui favorise la formation d’abréviations ; cependant la quantité d’abréviations dans les groupes peut ne pas correspondre dans les deux langues. En même temps la sémantique du terme composé ne détermine pas le procédé d’abrègement choisi en russe ou en français.
Dans le système terminologique du droit, les abréviations ont une place définie et entrent dans des relations avec d’autres termes. Nous examinerons ici les relations entre des abréviations juridiques dans le système terminologique. L’étude du corpus d’abréviations de deux langues indique l’existence de paradigmes d’abréviations dans les sigles, les mots-valises et même les abréviations graphiques. La tendance à ce que ces paradigmes présentent une certaine analogie influence l’utilisation et la combinaison de plusieurs procédés d’abrègement pour arriver à un paradigme unifié.
La traduction des abréviations révèle des difficultés de décodage et de choix du procédé de traduction. Le traducteur doit prêter attention à la signification de l’abréviation, mais aussi aux règles qui régissent son emploi dans les genres de discours juridique. Ainsi, les approches discursive et pragmatique sont importantes dans l’étude de la possibilité de traduction des abréviations d’un texte juridique. Les démarches du traducteur sont complexes, car le choix de l'équivalent dépend de facteurs linguistiques et extralinguistiques. À ce titre, nous présenterons le processus de traduction selon l’existence du même concept dans les systèmes juridiques différents et celle de l’abréviation désignant ce concept. Nous y préciserons entre autres les moyens de traduction des combinaisons de sigles spécifiques au discours juridique russe.
Kira Peshkov est titulaire d’un premier doctorat sur la terminologie comparée soutenu en Russie et d’un deuxième doctorat sur le discours juridique (approche typologique) soutenu en France. Depuis 2002, elle enseigne à l’Université d’Aix-Marseille. Elle est par ailleurs traductrice et interprète près la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.
John Humbley (CLILLAC-ARP, Université Paris Diderot), Synthèse finale
John Humbley est professeur à l’UFR des Études interculturelles de langues appliquées de l’Université Paris Diderot, depuis 2000, où il est responsable du Master de langues appliquées (professionnel et recherche). Ses activités de recherche – en terminologie, néologie et en traductologie – se déroulent dans le cadre du CLILLAC. Il a par ailleurs un rattachement secondaire au LDI (Lexiques, Dictionnaires, Informatique, UMR ), où il est coresponsable de la revue Neologica (Classiques Garnier).
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dernière mise à jour : 22 mai 2013
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