L'un des principaux mérites d'Eugen Wüster est assurément d'avoir montré l'importance d'une prise en compte des liens de sens qui unissent les notions entre elles. Ces liens, ci-après dénommés liens notionnels ou relations notionnelles, sont de nature à nous éclairer sur la notion :
La classification des variétés de liens notionnels a fait l'objet d'une analyse attentive et sans cesse remise sur le métier de la part de Wüster. La synthèse présentée par Felber (1987 : 101-108) résume les grandes distinctions opérées dans ce cadre.
L'Ecole de Vienne reprend la distinction établie par Wüster entre les relations logique et ontologique. La première est une relation générique et abstraite tandis que la seconde est ontologique, partitive et concrète. L'une est fondée sur la ressemblance, l'autre sur la "vicinité" (Wüster 1976 : 54-55).
Dans le cadre d'une relation notionnelle fondée sur une subordination logique ou ontologique, le lien entre la notion subordonnée et la notion superordonnée est dit vertical. Par exemple, dans l'arborescence des types de voiliers, les notions trois-mâts et trois-mâts carré entretiennent un lien vertical.
Par contre, un lien entre plusieurs notions situées à un même niveau d'une arborescence est dit horizontal et les deux notions sont dites coordonnées. Par exemple, les notions trois-mâts carré, trois-mâts barque et trois-mâts goélette sont coordonnées et entretiennent un lien horizontal.
Wüster (1974) ajoute un lien dit diagonal qui, dans une arborescence logique ou ontologique, lie deux notions relevant d'un genre commun ou d'un tout commun et qui "ne sont reliées ni par subordination ni par coordination" (Felber 1987 : 103). Wüster (1974 : 9) donne l'exemple de la relation "oncle de" par rapport au lien "père de". Dans le domaine de la marine, on pourra dire, par exemple, que les notions quatre-mâts et trois-mâts goélette, qui dépendent toutes deux de la notion générique voilier, entretiennent un lien logique diagonal.
Tableau n° 4
Wüster (1971 : 14sv. et 1981 : 87sv.) introduit une distinction entre les liens notionnels proprement dits, qu'il nomme rapports de comparaison, et les rapports de combinaison tissés, lors de la formation de termes complexes, entre certaines notions qui n'entretiennent pas de liens logiques (Wüster 1981 : 87). En fait, cette distinction nous paraît assez fragile : le but de Wüster est de rendre compte des "rapports notionnels dans la formation des mots", mais il reconnaît implicitement qu'il y a là une forme de confusion entre termes et notions.
Chez Felber (1987 : 104-105), ces rapports de combinaison sont réintroduits dans le cadre plus strict des relations notionnelles espèce-genre (la détermination, la conjonction et la disjonction) et partie-tout (intégration). Felber les présente, à côté des liens horizontaux et verticaux qui peuvent unir trois notions ou plus, comme des liens entre deux notions coordonnées et une troisième notion superordonnée ou subordonnée :
Dans son Manuel de terminologie, Felber (1987 : 101-108) se fonde sur ces distinctions générales pour dresser une typologie des liens notionnels particuliers. En réalité, au fil des articles de Wüster (1971 : 10; 1974 : 19sv.; 1981 : 86), on observe de légères variations dans le classement des liens notionnels. L'expérience du centre de recherche TERMISTI montre toutefois que chaque domaine peut amener des relations particulières. Les moindres ne sont assurément pas les relations de type "cas sémantique", dénommées relations fonctionnelles par Lerat (1990) et fort utiles à la description des réseaux notionnels de nombreux domaines.
Dans la pratique, le gestionnaire de données terminologiques Termisti se fonde sur la distinction très simple établie par la norme ISO 704 (1987 : 3-4) entre les relations hiérarchiques (relations espèce-genre et partie-tout) et les relations non hiérarchiques ("rapports de contiguïté dans le temps, dans l'espace, de connexion causale, etc."). Par souci de clarté, nous nommerons coordonnées celles des relations non hiérarchiques qui établissent un lien horizontal entre des notions subordonnées au même niveau d'une relation hiérarchique.